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écrites au gouverneur, il était porté à le croire ingrat et du nombre de ses ennemis ; ce qui le déterminait à faire marcher son armée contre la ville : les Français devaient se souvenir qu’il les avait anciennement placés dans le lieu où ils étaient, et qu’il leur avait donné la ville de Pondichéry ; aussi se flattait-il encore que le gouverneur, ouvrant les yeux à la justice, lui enverrait des députés pour convenir du paiement d’une somme ; et, dans cette espérance, il voulait bien suspendre les hostilités pendant quelques jours. Suivant l’usage des Marattes et de la plupart des Gentous, qui n’écrivent jamais qu’en termes obscurs, pour ne pas donner occasion de les prendre par leurs paroles, il ajoutait que le porteur de sa lettre avait ordre de s’expliquer plus nettement. En effet, cet envoyé, qui était un homme du pays, dont le gouverneur connaissait la perfidie par des lettres interceptées qu’il avait écrites à son père, demanda au nom des Marattes une somme de cinq cent mille roupies ; et de plus, le paiement d’un tribut annuel, dont le général prétendait, sans aucune apparence de vérité, que les Français étaient redevables à sa nation depuis cinquante ans.

Le gouverneur crut devoir une réponse civile à cette lettre ; mais il ne parla point des droits chimériques que les Marattes s’attribuaient sur Pondichéry, ni du tribut et de l’intérêt, ni des cinq cent mille roupies qu’ils demandaient avant toute espèce de traité, et qui