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il lui déchargea sur la tête un si grand coup de sabre, qu’il fendit son bonnet de mailles. Ce coup l’abattit à ses pieds. Aussitôt lui en portant un autre sur les jambes, il le mit hors d’état de se relever. Nos ennemis, qui virent tomber leur chef, poussèrent un grand cri. Ils fondirent si impétueusement sur Faria, qu’ils faillirent l’abattre à son tour ; tandis que, nous serrant autour de lui, nous redoublâmes nos efforts pour sauver une vie à laquelle chacun de nous attachait la sienne. Le combat devint si furieux, que dans l’espace d’un demi-quart d’heure nous vîmes tomber sur le corps de Coja-Acem quarante-huit de ces désespérés, et nous perdîmes nous-mêmes quatorze chrétiens, entre lesquels nous eûmes la douleur de compter cinq Portugais. Alors nos ennemis, commençant à perdre courage, se retirèrent en désordre vers la proue, dans le dessein de s’y fortifier. Mais Quiay-Panjam, qui venait de ruiner les lantées, se présenta devant eux pour leur couper cette retraite. Ainsi pressés des deux côtés avec la même furie, il ne leur resta plus d’autre ressource que de se jeter dans les flots. Les nôtres, encouragés par la victoire et par le nom de Jésus-Christ, qui retentissait sur toutes les jonques, achevèrent de les exterminer à mesure qu’ils se précipitaient les uns sur les autres. Il en périt cent cinquante par le fer ou par le feu. La plupart des autres se noyèrent dans leur fuite ou furent assommés à coups d’aviron. On ne fit que cinq prisonniers,