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de mon père, lorsqu’un de mes oncles, formant quelque espérance de mes qualités naturelles, me conduisit à Lisbonne, où il me mit au service d’une très-illustre maison. Ce fut la même année que se fit la pompe funèbre de don Emmanuel, le 13 décembre 1521, et je ne trouve rien de plus ancien dans ma mémoire. Cependant le succès répondit si mal aux intentions de mon oncle, qu’après un an et demi de service, je me trouvai engagé dans une malheureuse aventure qui exposa ma vie au dernier danger. Je pris la fuite avec une si vive épouvante, qu’étant arrivé, sans aucun autre dessein que d’éviter la mort, au gué de Pedra, petit port où je trouvai une caravelle qui partait chargée de chevaux pour Setuval, je m’y embarquai le lendemain. Mais à peine fûmes-nous éloignés du rivage, qu’un corsaire français nous ayant abordés, se rendit maître de notre bâtiment sans la moindre résistance, nous fit passer dans le sien avec toutes nos marchandises, qui montaient à plus de six mille ducats, et coula notre caravelle à fond. Nous reconnûmes bientôt que nous étions destinés à la servitude, et que l’intention de nos maîtres étaient de nous aller vendra à Larache en Barbarie. Ils y portaient des armes, dont ils faisaient commerce avec les mahométans. Pendant treize jours entiers qu’ils conservèrent ce dessein, ils nous traitèrent avec beaucoup de rigueur. Mais le soir du treizième jour, ils découvrirent un navire auquel ils