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haute montagne qui se nomme Nangafo, vers laquelle, tirant au nord, nous avançâmes encore pendant plusieurs jours. Les marées, qui étaient fort grosses, et le changement du vent, obligèrent Similau à entrer dans une petite rivière dont les bords étaient habités par des hommes fort blancs et de belle taille, qui avaient les yeux petits comme des Chinois, mais qui leur ressemblaient peu par l’habillement et le langage. Nous ne pûmes les engager dans aucune communication. Ils s’avançaient en grand nombre sur le bord de la rivière, d’où ils semblaient nous menacer par d’affreux hurlemens. Le temps et la mer nous permettant de remettre à la voile, Similau, dont toutes les décisions étaient respectées, leva aussitôt l’ancre pour gouverner à l’est-nord-est. Nous ne perdîmes point la terre de vue pendant sept jours. Ensuite, traversant un autre golfe à l’est, nous entrâmes dans un détroit large de dix lieues, qui se nomme Sileupaquin, après lequel nous avançâmes encore l’espace de cinq jours, sans cesser de voir un grand nombre de villes et de bourgs. Ces parages nous présentaient aussi quantité de vaisseaux. Faria commençant à craindre d’être découvert, paraissait incertain s’il devait suivre une si dangereuse route. Similau, qui remarqua son inquiétude, lui représenta qu’il n’avait pas dû former un dessein de cette importance sans en avoir pesé les dangers ; qu’il les connaissait lui-même, et que les plus grands le menaçaient, lui qui