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plutôt que le courage ou l’ambition, me fit tourner les yeux vers la source de tant de richesses, et je pris la résolution de m’embarquer sur ce seul principe, qu’à quelque fortune que je fusse réservé, je ne devais pas craindre de perdre beaucoup au changement.

» Ce fut le onzième jour de mars de l’année 1537 que je partis avec une flotte de cinq navires, dont chaque vaisseau était commandé par un capitaine indépendant. Le plus considérable était sous les ordres de don Pedro de Sylva, fils du fameux amiral don Vasco de Gama. C’était dans ce même navire que don Pedro avait apporté les os de son père, qui était mort aux Indes ; et le roi, qui se trouvait alors à Lisbonne, les avait fait recevoir avec une pompe dont le Portugal n’avait jamais vu d’exemple.

» En arrivant au port de Mozambique, nous y trouvâmes un ordre de Nugno d’Acugna, vice-roi des Indes, par lequel tous les vaisseaux portugais qui devaient arriver cette année étaient obligés de se rendre à Diu, où la forteresse était menacée de l’attaque des Turcs. Trois des cinq navires de la flotte prirent aussitôt cette route. J’étais sur le Saint-Roch, qui mit le premier à la voile ; et je fus nommé entre ceux qui demeurèrent a Diu pour la défense du fort : cependant, dix-sept jours après mon arrivée deux flûtes partant pour la mer Rouge, dans la vue d’y prendre des informations sur le dessein des Turcs, je