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desquelles nous avions marché dans les montagnes, nous avaient déchiré le visage et les mains ; et ces plaies, que l’excès de notre misère nous empêchait de sentir, étaient déjà tournées en pouriture.

» Les cinq Chinois nous offrirent un peu de riz et d’eau chaude, qui ne pouvait suffire pour nous rassasier. Mais, en nous laissant la liberté de passer la nuit avec eux, ils nous conseillèrent de nous rendre dans un hameau voisin, où nous trouverions un hôpital qui servait à loger les pauvres voyageurs. Nous prîmes aussitôt le chemin qu’ils eurent l’humanité de nous montrer. Il était une heure de nuit lorsque nous frappâmes à la porte de l’hôpital. Quatre hommes qui en avaient la direction nous reçurent avec bonté ; mais, s’étant réduits à nous donner le couvert, ils attendirent le lendemain pour nous demander qui nous étions. Un de nous lui répondit que nous étions des marchands de Siam à qui la fortune avait fait perdre leur vaisseau par un naufrage. Ils voulurent savoir où nous avions dessein d’aller. Notre intention, leur dîmes-nous, était de nous rendre à Nankin, où nous espérions de nous embarquer sur les premières lantées qui partiraient pour Canton. Ils nous demandèrent pourquoi nous préférions Canton à d’autres ports. Nous leurs dîmes que c’était dans la confiance d’y trouver des marchands de notre nation, à qui l’empereur permettait d’y exercer le commerce. Soit prudence, soit