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devant le Louvre. Il y a même si peu d’eau depuis le mois de mars jusqu’au mois de juin ou de juillet, c’est-à-dire, jusqu’à la saison des pluies, qu’il est impossible aux bateaux de remonter. En arrivant sur ses bords, les deux Français burent un verre de vin dans lequel ils mirent de l’eau de ce fleuve, qui leur causa quelques tranchées. Leurs valets, qui la burent seule, en furent beaucoup plus tourmentés. Aussi les Hollandais, qui ont des comptoirs sur les rives du Gange, ne boivent-ils jamais de cette eau sans l’avoir fait bouillir. L’habitude la rend si saine pour les habitans du pays, que l’empereur même et toute la cour n’en boivent point d’autre. On voit continuellement un grand nombre de chameaux sur lesquels on vient charger de l’eau du Gange.

Allahabad , où l’on arrive à neuf cosses d’Alemkhand, est une grande ville bâtie sur une pointe de terre où se joignent le Gange et la Djemna. Le château, qui est de pierres de taille, et ceint d’un double fossé, sert de palais au gouverneur. C’était alors un des plus grands seigneurs de l’empire : sa mauvaise santé l’obligeait d’entretenir plusieurs médecins indiens et persans, entre lesquels était Claude Maillé, Français, né à Bourges, et qui exerçait tout à la fois la médecine et la chirurgie. Le premier de ses médecins persans jeta un jour sa femme du haut d’une terrasse en bas, dans un transport de jalousie ; elle ne se rompit heureusement que deux ou trois côtes : ses pa-