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Tavernier s’était proposé de passer à Batavia les trois mois qui restaient jusqu’au départ des vaisseaux pour l’Europe ; mais l’ennuyeuse vie qu’on y mène, sans autre amusement, dit-il, que de jouer et de boire, lui fit prendre la résolution d’employer une partie de ce temps à visiter la cour du roi de Japara, qu’on nomme aussi l’empereur de la Jave. L’île entière était autrefois réunie sous sa domination, avant que le roi de Bantam, celui de Jacatra, et d’autres princes qui n’étaient que ses gouverneurs, eussent secoué le joug de la soumission. Les Hollandais ne s’étaient d’abord maintenus dans le pays que par la division de toutes ces puissances. Lorsque le roi de Japara s’était disposé à les attaquer, le roi de Bantam les avait secourus ; et le premier, au contraire, s’était empressé de les aider lorsqu’ils avaient été menacés de l’autre. Aussi, quand la guerre s’élevait entre ces deux princes, les Hollandais prenaient toujours parti pour le plus faible.

Le roi de Japara fait sa résidence dans une ville dont son état porte le nom ; éloignée de Batavia d’environ trente lieues, on n’y va que par mer, le long de la côte, d’où l’on fait ensuite près de huit lieues dans les terres, par une belle rivière qui remonte jusqu’à la ville ; le port, qui est fort bon, offre de plus belles maisons que la ville, et serait la résidence ordinaire du roi, s’il s’y croyait en sûreté ; mais, ayant conçu, depuis l’établissement de Batavia,