Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvoir entrer dans Flessingue, parce que les sables avaient changé de place ; mais aussitôt qu’il eut jeté l’ancre, il se vit environné d’une multitude de petites barques, malgré le soin qu’on prenait de les écarter. On entendait mille voix s’élever de toutes parts pour demander les noms des parens et des amis que chacun attendait. Le lendemain, deux officiers de la compagnie vinrent à bord et firent assembler tout le monde entre la poupe et le grand mât ; ils prirent le capitaine à leur côté : » Messieurs, dirent-ils à tout l’équipage ; nous vous commandons au nom de toute la compagnie de nous déclarer si vous avez reçu quelque mauvais traitement dans ce voyage. » L’impatience de tant de gens qui se voyaient attendus sur le rivage par leur père, leur mère, ou leurs plus chers amis, les fit crier tout d’une voix que le capitaine était honnête homme. À l’instant chacun eut la liberté de sauter dans les chaloupes et de se rendre à terre. Tavernier reçut beaucoup de civilités des deux officiers, qui lui demandèrent à son tour s’il n’avait aucune plainte à faire des commandans du vaisseau.

Il n’avait pas d’autre motif pour s’arrêter en Hollande que le paiement des sommes qu’on lui avait retenues à Batavia ; mais ses longues et pressantes sollicitations ne purent lui en faire obtenir qu’un peu plus de la moitié. « S’il ne m’était rien dû, s’écrie-t-il dans l’amertume de son cœur, pourquoi satisfaire à la moitié