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qui sont très-longues et fort bien bâties, la plupart des autres sont étroites, sans symétrie, et n’offrent que des détours et des recoins qui causent beaucoup d’embarras lorsque la cour y fait sa résidence. Agra, lorsque la vue s’y promène de quelque lieu éminent, paraît plus champêtre que Delhy. Comme les maisons des seigneurs y sont entremêlées de grands arbres verts, dont chacun a pris plaisir de remplir son jardin et sa cour pour se procurer de l’ombre, et que les maisons de pierre des marchands, qui sont dispersées entre ces arbres, ont l’apparence d’autant de vieux châteaux, elles forment toutes ensemble des perspectives fort agréables, surtout dans un pays fort sec et fort chaud, où les yeux ne semblent demander que de la verdure et de l’ombrage.

Agra est deux fois plus grande qu’Ispahan, et l’on n’en fait pas le tour à cheval en moins d’un jour. La ville est fortifiée d’une fort belle muraille de pierre de taille rouge et d’un fossé large de plus de trente toises.

Ses rues sont belles et spacieuses. Il s’en trouve de voûtées qui ont plus d’un quart de lieue de long, où les marchands et les artisans ont leurs boutiques distinguées par l’espèce des métiers et parla qualité des marchandises. Les méidans et les bazars sont au nombre de quinze, dont le plus grand est celui qui forme comme l’avant-cour du château. On y voit soixante pièces de canon de toutes sortes de calibres, mais en assez mauvais ordre et peu