mais on n’y sert jamais de liqueurs fortes, et ceux qui en boivent sont obligés de se tenir à l’écart. Le mets le plus commun et le plus estimé est une sorte de pâte en petites boules rondes, composée de plusieurs semences aromatiques et mêlée d’opium, qui les rend d’abord fort gais, mais qui les étourdit ensuite et les fait dormir.
Le divorce n’est pas moins libre que la polygamie. Un homme peut épouser autant de femmes que sa fortune lui permet d’en nourrir ; mais, en donnant à celles qui lui déplaisent le bien qu’il leur a promis le jour du mariage, il a toujours le pouvoir de les congédier. Elles n’ont ordinairement pour dot que leurs vêtemens et leurs bijoux. Celles qui sont d’une haute naissance passent dans la maison de leur mari avec leurs femmes de chambre et leurs esclaves. L’adultère les expose à la mort. Un homme qui surprend sa femme dans le crime, ou qui s’en assure par des preuves, est en droit de la tuer. L’usage ordinaire des Mogols est de fendre la coupable en deux avec leurs sabres ; mais une femme qui voit son mari entre les bras d’une autre n’a point d’autre ressource que la patience. Cependant, lorsqu’elle peut prouver qu’il l’a battue, ou qu’il lui refuse ce qui est nécessaire à son entretien, elle peut porter sa plainte au juge et demander la dissolution du mariage. En se séparant, elle emmène ses filles, et les garçons restent au mari. Les riches particuliers, surtout les marchands,