oiseaux qu’ils voient prendre aux mahométans. Les plus dévots font difficulté d’allumer pendant la nuit du feu ou de la chandelle, de peur que les mouches ou les papillons ne s’y viennent brûler. Cet excès de superstition, qu’ils doivent à l’ancienne opinion de la transmigration des âmes, leur donne de l’horreur pour la guerre et pour tout ce qui peut conduire à l’effusion du sang ; aussi les empereurs n’exigent-ils d’eux aucun service militaire ; mais cette exemption les rend aussi méprisables que leur idolâtrie aux yeux des mahométans, qui en prennent droit de les traiter en esclaves : ce qui n’empêche point que le souverain ne leur laisse l’avantage de pouvoir léguer leurs biens à leurs héritiers mâles, sous la seule condition d’entretenir leur mère jusqu’à la mort, et leurs sœurs jusqu’au temps de leur mariage.
Quelques voyageurs ont fait le compte des sectes idolâtres, qui sont autant de branches des banians, et prétendent en avoir trouvé quatre-vingt-trois ; elles ont toutes cette ressemblance avec les mahométans, qu’elles font consister la principale partie de leur religion dans les purifications corporelles. Il n’y a point d’idolâtre indien qui laisse passer le jour sans se laver ; la plupart n’ont pas de soin plus pressant : dès le plus grand matin, avant le lever du soleil, ils se mettent dans l’eau jusqu’aux hanches, tenant à la main un brin de paille que le bramine leur distribue pour chasser l’esprit malin, pendant qu’il donne la bé-