Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 6.djvu/33

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de toute sa force, ce qui nous fit prévoir que nous aurions bientôt les rasbouts sur les bras. En effet, nous vîmes sortir des deux côtés de la forêt un grand nombre de ces brigands armés de piques, de rondaches, d’arcs et de flèches, mais sans armes à feu. Nous avions eu la précaution de charger les nôtres, qui ne consistaient qu’en quatre fusils et trois paires de pistolets. Le directeur et moi nous montâmes à cheval, et nous donnâmes les fusils aux marchands qui étaient dans les voitures, avec ordre de ne tirer qu’à bout portant. Nos armes étaient chargées à cartouches, et les rasbouts marchaient si serrés, que de la première décharge nous en vîmes tomber trois. Ils nous tirèrent quelques flèches, dont ils nous blessèrent un bœuf et deux pions. J’en reçus une dans le pommeau de ma selle, et le directeur eut un coup dans son turban. Aussitôt que la caravane hollandaise entendit tirer, elle se hâta de nous envoyer dix de ses pions ; mais, avant qu’ils fussent en état de nous secourir, le danger devint fort grand pour ma vie. Je me vis attaqué de toutes parts, et je reçus deux coups de pique dans mon collet de buffle, qui me sauva heureusement la vie. Deux rasbouts prirent mon cheval par la bride, et se disposaient à m’emmener prisonnier ; mais je mis l’un hors de combat d’un coup de pistolet que je lui donnai dans l’épaule ; et le directeur anglais, qui vint à mon secours, me dégagea de l’autre. Cependant les pions des