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trouva dans la route une longue haie d’éléphans qui portaient chacun leur tour. Aux quatre coins de chaque tour on voyait quatre banderoles de taffetas jaune, et devant la tour un fauconneau monté sur son affût. Le canonnier était derrière. Rhoé compta trois cents de ces éléphans armés, et six cents de parade, qui étaient couverts de velours broché d’or, et dont les banderoles étaient dorées. Plusieurs personnes à pied, couraient devant l’empereur pour arroser le chemin par lequel il devait passer. On ne permet point d’approcher du carrosse de l’empereur de plus près qu’un quart de mille ; et ce fut cette raison qui fit prendre le devant à Rhoé pour attendre la cour à l’entrée du camp. Les tentes n’avaient pas moins de deux milles de circuit. Elles étaient entourées d’une étoffe du pays, rouge en dehors, et peinte en dedans de diverses figures comme nos tapisseries. La forme de toute l’enceinte était celle d’un fort, avec ses boulevarts et ses courtines. Les pieux de cha ue tente se terminaient par un gros bouton de cuivre. Rhoé, perçant la foule, voulut entrer dans les tentes impériales ; mais cette faveur n’est accordée à personne, et les grands mêmes du pays s’arrêtent à la porte. Cependant quelques roupies qu’il donna secrètement à ceux qui la gardaient lui en firent obtenir l’entrée. L’ambassadeur de Perse, moins heureux ou moins libéral, eut le désagrément d’être refusé.