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songeait à se faire chrétien, quoiqu’il n’en eût jamais eu la pensée. Le roi crut qu’il était de sa piété de concourir à cette bonne œuvre, en envoyant à son tour des ambassadeurs au roi de Siam. Constance, voyant qu’une partie de son projet avait si bien réussi, songea à tirer parti du reste. Il commença d’abord par s’ouvrir à M. de Chaumont, à qui il fit entendre que les Hollandais, dans le dessein d’agrandir leur commerce, avaient souhaité depuis long-temps un établissement à Siam ; que le roi n’en avait jamais voulu entendre parler, craignant qu’ils ne se rendissent maîtres de ses états ; mais que, si le roi de France, sur la bonne foi de qui il y avait plus à compter, voulait entrer en traité avec sa majesté siamoise, il se faisait fort de lui faire remettre la forteresse de Bancok, place importante dans le royaume, et qui en est comme la clef, à condition toutefois qu’on y enverrait des troupes, des ingénieurs, et tout l’argent qui serait nécessaire pour commencer l’établissement.

M. de Chaumont et l’abbé de Choisy, à qui cette affaire avait été communiquée, ne la jugeant pas faisable, ne voulurent point s’en charger. Le père Tachard ne fit pas tant de difficultés. Ébloui d’abord par les avantages que le roi retirerait de cette alliance, avantages que Constance fit sonner bien haut et fort au delà de toute vraisemblance ; trompé d’ailleurs par ce ministre adroit et hypocrite, qui, cachant toutes ses menées sous une apparence de zèle,