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vinrent se présenter devant nous, fort chagrins de nous voir moins prompts qu’eux. Enfin la patience parut leur manquer : ils tinrent conseil entre eux pendant quelques momens. Deux se détachèrent, et prirent le devant avec beaucoup de diligence. Le troisième demeura près de nous sans s’écarter jamais, et s’arrêtait même à chaque occasion aussi long-temps que nous pouvions le désirer.

» Nous employâmes six jours entiers à le suivre, avec une fatigue et des peines qui nous semblèrent beaucoup plus insupportables que les précédentes : il fallait incessamment monter et descendre par des lieux dont la seule vue nous effrayait. Notre guide, accoutumé à grimper sur les hauteurs les plus escarpées, avait peine lui-même à se soutenir dans plusieurs passages. Quelques Siamois, lui voyant prendre le chemin d’une montagne si rude, qu’ils la croyaient inaccessible, formèrent la résolution de l’assommer, dans l’idée qu’il ne nous y menait que pour nous faire périr. Le second ambassadeur leur fit honte de ce cruel dessein. Il leur représenta que ce pauvre Hottentot nous servait sans y être obligé, et que, dans notre situation, l’ingratitude serait le plus horrible de tous les crimes. Comme les difficultés qui étonnent à la première vue s’aplanissent lorsqu’on les envisage de près, ces mêmes lieux qui nous semblaient si dangereux dans l’éloignement prenaient une autre face à mesure que nous avancions, et les pentes deve-