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gros que la jambe. Leur hauteur au-dessus de la terre est d’environ treize pieds, parce que l’eau s’élève quelquefois autant. Le nombre des piliers est de quatre ou six, sur lesquels ils mettent au travers d’autres bambous au lieu de poutres. L’escalier est une véritable échelle, qui pend en dehors comme celle de nos moulins à vent. Les étables mêmes sont en l’air, avec des rampes de claies, par où les animaux peuvent y monter. Le foyer des maisons est une corbeille pleine de terre, soutenue comme un trépied sur trois bâtons.

C’est dans les édifices de cette nature que les envoyés de France furent logés chaque nuit, en remontant depuis la mer jusqu’à la capitale. Il n’y a point d’hôtellerie dans le royaume de Siam. Laloubère parle d’un Français qui s’avisa de tenir auberge ; mais il ne put inspirer le même goût aux Siamois ; et jamais il ne vit entrer chez lui que des Européens. Les maisons qu’on bâtit pour les envoyés sur le bord de la rivière n’étaient pas sans agrément et sans commodité. Des claies, posées sur des piliers, et couvertes de nattes de jonc, faisaient non-seulement le plancher de chaque édifice, mais celui des cours ; la salle et les chambres étaient tapissées de toiles peintes, avec des plafonds de mousselines blanches, dont les extrémités tombaient en pente. Les nattes des appartemens étaient beaucoup plus fines que celles des cours ; et dans les chambres de lit on avait encore étendu des ta-