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vant la mode chinoise, avec deux petit bâtons, qui tiennent lieu des fourchettes de l’Europe. Les plats ne sont pas de bois vernissé, comme Tavernier l’assure, mais de porcelaine du Japon ou de la Chine, qui est fort estimée. Les personnes de qualité mangent avec une sorte de décence ; mais le commun des habitans, que l’auteur représente comme les plus gourmands de tous les hommes, ne pensent qu’à se remplir avidement l’estomac, et ne répondraient pas même aux questions qu’on leur ferait à table, comme s’ils craignaient, dit l’auteur, que le temps qu’ils emploieraient à parler ne diminuât leur plaisir ou leur portion d’alimens. Autant l’excès des liqueurs fortes est rare dans le peuple, autant il est en honneur à la cour et parmi les gens de guerre. Un bon buveur y passe pour un galant homme. Dans les repas qu’ils se donnent entre eux, les convives ont la liberté de demander tout ce qu’ils désirent, et celui qui traite regarde cette occasion de les obliger comme une faveur. Leurs complimens, lorsqu’ils se rencontrent, ne consistent point à se demander comment ils se portent, mais où ils ont été, et ce qu’ils ont fait ; s’ils remarquent à l’air du visage que quelqu’un soit indisposé, ils ne lui demandent point s’il est malade, mais combien de tasses de riz il mange à chaque repas, et s’il a de l’appétit ou non. L’usage des grands et des riches est de faire trois repas par jour, sans y comprendre une légère collation dans le cours de l’après-midi.