entrer, et qui ne le partagent pas même avec les eunuques. Elles font le lit et la cuisine du roi : elles l’habillent et le servent à table ; mais en l’habillant, elles ne touchent jamais à sa tête. Les pourvoyeurs portent les provisions aux eunuques, qui les remettent aux femmes. Celle qui fait la cuisine n’emploie le sel et les épices que par poids, dans la crainte de se tromper pour la mesure.
Jamais les femmes du palais n’en sortent qu’avec le roi, et les eunuques ne peuvent aussi s’en éloigner sans un ordre exprès. On assura Laloubère que le nombre des eunuques blancs et noirs n’était que de huit ou dix. La reine de Siam, outre son titre qui la distingue des autres femmes du roi, a sur elles et sur les eunuques une autorité qui la fait regarder particulièrement comme leur souveraine. Elle juge leurs différens ; elle les fait châtier pour les maintenir en paix. On comprend sans peine que, si le roi favorise une de ses femmes, il sait la dérober à la jalousie de la reine.
On prend à Siam des filles pour le service du vang et pour les plaisirs du roi. Mais les Siamois n’y consentent jamais volontiers, parce qu’ils n’ont pas l’espérance de les revoir, et la plupart se rachètent de cette concussion à prix d’argent. Cet usage est si bien établi, que les officiers du palais prennent quantité de filles dans la seule vue de les faire racheter par leurs parens. Le nombre des femmes subalternes du roi ne monte guère à plus de dix,