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assez d’avoir fait une quantité de bonnes œuvres dans les corps qui ont servi de demeure à leur âme, il faut qu’à chaque action ils se soient proposé de mériter la condition divine, en prenant à témoin de leurs bonnes œuvres les anges qui président aux quatre nations du monde ; qu’ils aient versé de l’eau en implorant le secours de l’ange gardienne de la terre, nommée Naang-phrato-rani : car ils établissent une différence de sexe parmi les anges. Ceux qui aspirent à devenir dieux, observent soigneusement cette pratique.

Outre l’état divin, qui est le suprême degré de la perfection, ils en admettent un moins élevé qu’ils appellent l’état de sainteté. Il suffit, pour être saint, qu’après avoir passé dans plusieurs corps, on ait acquis beaucoup de vertus, et que chaque action ait eu la sainteté pour objet. Les propriétés de cet état sont les mêmes que celles de l’état divin, avec cette différence que Dieu les a par lui-même, et que les saints les tiennent de lui par les instructions qu’il leur donne. La sainteté n’est consommée aussi que lorsque les saints meurent pour ne plus renaître, et que leurs âmes sont posées dans le paradis pour y jouir d’une félicité éternelle.

Comme les Siamois sont assez éclairés pour reconnaître que le vice doit être puni et la vertu récompensée, ils croient un paradis, qu’ils placent dans le plus haut ciel, et un enfer, qu’ils mettent au centre de la terre ; mais