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qu’elle est encore molle ; mais, quand elle est sèche, l’amande est seule employée. L’enveloppe charnue, lorsqu’elle est récente, contient une matière blanche et visqueuse, assez âpre au goût. Ceux qui, n’étant point accoutumés au bétel, mâchent de l’arec sans en avoir ôté cette matière visqueuse, s’enivrent aussi aisément que s’ils avaient pris du vin avec excès : mais cette ivresse dure peu. Si l’arec commence à vieillir, cette mucosité se dessèche ; le fruit perd sa force et n’enivre plus. Quoique récent, il ne produit pas le même effet sur ceux qui en font un usage habituel.

L’amande a, comme toutes les parties de l’arbre, une saveur aussi âpre que celle du gland de chêne. Pour masquer cette saveur lorsqu’on mâche l’amande, on mêle celle-ci avec des substances âcres et aromatiques. Celles qui sont généralement adoptées, sont la chaux et les feuilles de bétel. On coupe l’amande par tranches qu’on saupoudre de chaux, et qu’on enveloppe de feuilles de bétel. Le mélange porte le nom de cette dernière substance. On mâche ce mélange, et au bout de quelques instans la salive est d’une belle couleur purpurine, et la bouche paraît tout en sang. On crache cette première salive, qui contient une surabondance de chaux, puis on mâche et remâche le reste jusqu’à ce qu’il ne reste, plus qu’un marc insipide qu’on rejette.

Hommes, femmes, enfans, vieillards, tout