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arrêter les larmes involontaires. Mais dans quel pays croît le fruit qui pourrait arrêter les larmes de la douleur ?

L’arbre qui donne le sagou, et que les Européens appellent du même nom, porte, parmi les Indiens, celui de sagoumanda. On en a déjà parlé dans la description des Moluques. La liqueur, que l’on retire par l’incision des jeunes pousses, porte en quelques endroits le nom de sagouar : elle est d’une douceur qui surpasse celle du miel, et d’abord assez malsaine ; mais on y en mêle une autre nommée houbat, composée du suc de diverses herbes, qui lui donnent une sorte d’amertume. Avec cette préparation, le sagouar est assez sain pour ceux qui en usent sobrement ; et les Hollandais mêmes n’ont guère d’autre boisson aux Moluques et dans l’île d’Amboine. Mais, pris avec excès, il enivre, il rend le visage pâle ; il fait même enfler le corps. On le rend plus agréable en y mêlant du sucre et de l’arac.

Le bois de santal est dans une haute estime aux Indes. On distingue le rouge, le jaune et le blanc, dont les deux derniers, qui croissent en abondance dans les îles de Timor et de Solor, sont les plus recherchés. On broie ou bien l’on pile ce bois avec de l’eau, pour le réduire en une pâte dont on se frotte le corps. On le brûle aussi en petits morceaux dans les appartemens, comme un parfum des plus salutaires. Quoique les habîtans des Indes fassent peu d’usage du santal rouge, parce qu’ils