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la salle, sur un banc fort large et fort bas, les jambes croisées. À sa droite étaient deux seigneurs tartares, dans la même situation ; à sa gauche, le père Adam Scaliger, jésuite, natif de Cologne en Allemagne, qui avait vécu depuis près de trente ans dans les honneurs à la cour de Pékin. C’était un vieillard d’une figure agréable, qui avait la barbe longue et les cheveux rasés, vêtu, en un mot, à la tartare. Tous les seigneurs du conseil étaient assis confusément sans aucune distinction de rang et d’âge. Le chancelier même avait les jambes nues, et n’était couvert que d’un léger manteau. Il adressa un compliment fort court aux ambassadeurs, et les pressa de s’asseoir. Ensuite le père Scaliger vint les saluer fort civilement dans sa propre langue, et leur demanda des nouvelles de quelques personnes de sa religion, qu’il avait connues en Hollande.

Dans cet intervalle, les mandarins de Canton, et Pin-xen-ton même qui avait pris des airs si hauts dans le voyage, s’employèrent comme des portefaix à transporter les caisses où les présens étaient renfermés. Le chancelier les en tira aussi lui-même, en faisant diverses questions aux ambassadeurs. À chaque réponse qu’ils lui faisaient, Scaliger, qui servait d’interprète, assurait qu’ils parlaient de bonne foi, et lorsqu’il voyait sortir des caisses quelque présent curieux, il lui échappait un profond soupir. Le chancelier loua plusieurs des présens, et déclara qu’ils seraient agréables à l’em-