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Le faubourg ouest est le mieux peuplé et de la plus belle apparence du monde. Ses rues, dont le nombre est infini, sont droites, pavées de grandes pierres carrées, et bordées de belles et grandes boutiques. Comme la chaleur oblige de les couvrir, on croit se promener à Paris dans les galeries du Palais. On remarque dans le même faubourg les beaux magasins que les marchands se sont bâtis le long de la rivière. Les faubourgs de l’est et du sud consistent dans quelques misérables rues, habitées par une populace indigente : mais la plus belle vue de Canton est celle de la rivière et des canaux, avec leur prodigieux nombre de barques de toutes sortes de grandeurs qui paraissent se mouvoir sur terre, parce que la superficie de l’eau est couverte d’arbres et d’herbages.

Le 31 décembre 1722, Gaubil partit de Canton, accompagné du père Jacquet, pour se rendre à Pékin, où ils étaient appelés par les ordres de l’empereur en qualité de mathématiciens. Le Tsung-to leur avait donné huit cent cinquante livres pour la dépense de leur voyage. Ils s’arrêtèrent la nuit suivante à Fo-schan, qui ne passe que pour un village, quoiqu’il ne soit guère moins peuplé que Canton, qui n’en est éloigné que de trois lieues à l’est. C’est un endroit des plus considérables de la Chine pour le commerce.

Le 2 janvier, les deux missionnaires passèrent la nuit dans leur barque, près d’un tang-