Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvaient s’accorder avec le christianisme. Bientôt toute l’Europe fut inondée d’écrits pour ou contre les cérémonies chinoises.

On a peine à concevoir la longueur opiniâtre de ces malheureuses disputes lorsqu’on voit tous les missionnaires jésuites qui avaient passé leur vie à la cour de l’empereur Kang-hi, prince aussi éclairé que vertueux, répéter d’un commun accord ces paroles qu’il leur avait dites cent fois : « Ce n’est point au firmament ni aux étoiles que je rends mes adorations ; je n’adore que le dieu de la terre et du ciel. » Ce langage était celui de tous les mandarins, de tous les hommes instruits. Nous avons déjà vu, dans les voyages du père Gerbillon, jusqu’où cet empereur avait poussé la bonté et la complaisance pour les missionnaires européens ; mais il est à propos de faire connaître un peu davantage ce monarque chinois, l’un des plus sages princes qui aient mérité de commander aux hommes. Il était petit-fils de Tsun-té, fondateur de la nouvelle dynastie tartaro-chinoise, qui règne dans l’empire du Catay depuis le milieu du dernier siècle. Tsun-té mourut au milieu de ses conquêtes.

Son fils et son successeur Chun-tchi, dès l’âge de vingt-quatre ans, tomba dans une maladie à laquelle il prévit qu’il n’échapperait pas. Il fit appeler ses enfans ; et leur ayant déclaré que sa fin approchait, il leur demanda lequel d’entre eux se croyait assez fort pour soutenir le poids d’une couronne nouvellement