Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/167

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toujours comme une erreur grossière, parce qu’ils sont persuadés qu’il est absurde de donner des ailes aux hommes ; cependant peut-être concevaient-ils que c’est une représentation purement symbolique, s’ils étaient capables d’entendre parfaitement les livres de l’Europe ; et ce qui leur paraît une erreur deviendrait pour eux une vérité. »

Il est difficile de faire sentir avec plus d’esprit, et en même temps avec plus de politesse, dans quel travers tombaient des étrangers qui, sans être suffisamment instruits d’une langue aussi savante que celle des Chinois, voulaient déterminer le sens et l’intention de leurs cérémonies symboliques.

Le lendemain, qui était le premier jour de janvier 1721, quatre mandarins vinrent demander les présens que le pape envoyait à l’empereur. Il les reçut très-gracieusement, et accorda sur-le-champ à son excellence quelques marques de sa libéralité ; mais cette faveur fut bientôt suivie d’un message fort affligeant. Deux eunuques vinrent déclarer au légat que, « si sa majesté avait pu prévoir les désordres que sa légation avait causés, elle les aurait prévenus par la punition de leurs auteurs ; que le pape n’entendant pas les livres de la Chine, n’était pas plus capable de décider sur les cérémonies chinoises, dont il n’avait aucune idée, qu’on ne l’était à la Chine de juger des cérémonies de l’Europe ; et que, par conséquent, ce que son excellence avait à faire de