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triarche d’Alexandrie, supplie très-humblement votre majesté qu’il lui plaise d’user de clémence envers les Européens, de tolérer notre sainte religion, et de suspendre la résolution qu’elle a prise de répandre son diplôme dans tout l’univers par la voie de la Russie. Je me rendrai auprès du souverain pontife, et je ne manquerai pas de l’informer soigneusement et fidèlement des intentions de votre majesté. Dans l’intervalle, je laisserai subsister les choses dans l’état où je les ai trouvées, et je communiquerai de bonne foi au saint père tout ce que votre majesté trouvera bon de m’ordonner. Enfin je demande humblement en grâce à votre majesté d’envoyer avec moi quelque personne qui soit capable de lui rapporter avec quelle sincérité je représenterai tout au souverain pontife, et quels efforts je ferai pour me procurer l’honneur de reparaître devant votre majesté. » Après avoir lu plusieurs fois cette supplique, Mezza-Barba consentit à la signer. Quelques missionnaires, ne la trouvant point assez conforme aux intentions de l’empereur, ou assez humble pour le légat, refusèrent d’y mettre leur nom. Mais le plus grand nombre suivit l’exemple du légat. Elle fut traduite en chinois, et portée à l’empereur.

Dans une audience que l’empereur lui accorda deux jours après, ce prince, après lui avoir prodigué les caresses et les civilités se mit à badiner aux dépens du pape. Comme il