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un petit bonnet qui représente dans sa forme un cône raccourci, chargé tout autour de soies voltigeantes ou de crin rouge ; enfin, pour achever l’ornement, ils ont aux jambes des bottes d’étoffe et un éventail à la main.

Les dames chinoises sont d’une modestie extraordinaire dans leurs regards, dans leur contenance et dans leurs vêtemens : leurs robes sont fort longues ; elles en sont tellement couvertes de la tête jusqu’aux talons, qu’on ne voit paraître que leur visage. Leurs mains sont toujours cachées sous leurs grandes manches, qui descendraient jusqu’à terre, si elles ne prenaient soin de les relever. La couleur qui appartient à leur sexe est ou rouge, ou bleue, ou verte. Peu de femmes portent le noir et le violet, si elles ne sont avancées en âge. Elles marchent d’un pas doux et lent, les yeux baissés et la tête penchée ; mais leur marche n’est pas sûre, parce qu’elles ont les pieds d’une petitesse extraordinaire : on les leur serre dès l’enfance avec beaucoup de force pour les empêcher de croître ; et, regardant cette mode comme une beauté, elles s’efforcent encore de les rendre plus petits à mesure qu’elles avancent en âge.

Les Chinois mêmes ne connaissent pas bien l’origine d’un usage si bizarre. Quelques-uns s’imaginent que c’est une invention de leurs ancêtres pour retenir les femmes au logis ; mais d’autres regardent cette opinion comme une fable faille ; le plus grand nombre est persuadé que