Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dance de lumières changea la nuit en un jour éclatant. Enfin l’empereur mit lui-même le feu au corps de la machine, qui se couvrit tout d’un coup de flammes, dans un espace de quatre-vingts pieds de long sur quarante ou cinquante de largeur. La flamme s’étant communiquée à diverses perches et à des figures de papier plantées de tous côtés, on vit s’élever dans l’air un prodigieux nombre de fusées, et un grand nombre de lanternes et de lustres s’allumer par toute la place. Ce spectacle dura près d’une demi-heure. De temps en temps on voyait paraître en plusieurs endroits des flammes violettes et bleuâtres en forme de grappes de raisin qui pendaient d’une treille ; ce qui, joint à la clarté des lumières qui brillaient comme autant d’étoiles, formait un coup d’œil très-agréable. Les feux d’artifice de Ruggiéri sont beaucoup plus imposans et mieux entendus.

On observe dans ces fêtes une cérémonie fort remarquable. Dans la plupart des maisons, les chefs de famille écrivent en gros caractères, sur une feuille de papier rouge ou sur une tablette vernie, les mots suivans : Tien-ti, san-iai, che-fan van-lin, tchin-tsai, c’est-à-dire, au vrai gouverneur du ciel, de la terre, des trois limites et des dix mille intelligences. Ce papier est tendu sur un châssis, ou appliqué sur une planche. On l’élève dans la cour sur une table, où l’on met du blé, du pain, de la viande ou quelque autre offrande de