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passe pour un châtiment du ciel, et fait juger que, Dieu étant irrité contre le maître du troupeau, son malheur ne peut manquer d’être contagieux.

L’attention de l’empereur s’étend aussi sur les ouvriers qui travaillent aux chemins publics. Dans les cantons fertiles, il fait border les grandes routes de deux rangées d’arbres, à peu de distance l’un de l’autre. Dans les terrains sablonneux, il fait aligner des pierres ou des piliers pour le même usage. Ces ouvrages ont leurs inspecteurs. Koublay aimait beaucoup les arbres, parce que les astrologues l’avaient assuré qu’ils servent à prolonger la vie.

Lorsque apprenait qu’une famille de Cambalu était tombée dans la misère, ou que, n’étant point en état de travailler, elle manquait des nécessités ordinaires de la vie, il lui envoyait une provision de vivres et d’habits pour l’hiver. Les étoffes qui servaient à cet usage, et celles dont il faisait habiller ses troupes, se fabriquaient dans chaque ville sur le tribut de la laine. Marc-Pol fait observer qu’anciennement les Tartares ne faisaient aucune aumône, et reprochaient leur misère aux pauvres comme une marque de la haine du ciel ; mais le khan regardait l’aumône comme une œuvre agréable à Dieu. On ne refusait jamais du pain aux pauvres qui en demandaient à sa cour ; et chaque jour on y distribuait pour vingt mille écus de riz, de millet et de pannik :