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nous conformer. Il nous fit dire au même moment que, l’hiver n’étant point une saison commode pour les voyages, nous irions tous les jours au tribunal de Poyamban, où nous trouverions des gens habiles avec lesquels nous pourrions nous exercer ; que nous prendrions nos repas avec les chefs du tribunal, et qu’aussitôt que le froid serait passé, il nous ferait faire un voyage dans la Tartarie orientale.

» Le 21, nous nous rendîmes au palais, le père Bouvet et moi, pour remercier sa majesté de cette faveur. Elle nous fit dire qu’il serait temps de la remercier quand nous saurions la langue tartare ; et peu après, nous ayant admis à l’honneur de la voir, elle nous fit diverses questions, surtout au père Bouvet, qu’elle n’avait pas vu les jours précédens. Le soir, Chaulau-ya, qui avait porté les ordres de l’empereur aux chefs du tribunal de Poyamban, nous y conduisit lui-même, et nous présenta aux grands-maîtres et au premier maître-d’hôtel. Ils nous reçurent civilement, et nous marquèrent une chambre vis-à-vis de la salle où ils s’assemblent eux-mêmes. Dès le lendemain ils donnèrent des ordres pour la faire préparer.

» Le 24, ayant commencé à nous rendre dans cette espèce d’école, on nous donna pour maîtres deux petits mandarins, Tartares de naissance, auxquels on en joignit un troisième plus considérable et plus habile dans les deux langues, pour venir une fois chaque jour nous expliquer les difficultés sur lesquelles les autres