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toires Mangou-khan, avait à sa cour des prêtres de toutes les religions, des mahométans, des idolâtres, des nestoriens. Il s’amusait quelquefois de leurs querelles. Quant à sa croyance, il paraît que c’était l’unité d’un Dieu, et le culte rendu à des divinités inférieures, mêlé des superstitions des devins. C’est du moins ce qui résulte de sa profession de foi, telle que la rapporte l’ambassadeur cordelier.

« Les Mogols croient qu’il n’y a qu’un Dieu, et lui adressent des vœux sincères. Comme il a mis plusieurs doigts à la main, de même il a répandu diverses opinions dans l’esprit des hommes. Dieu a donné l’Écriture aux chrétiens, mais ils ne la pratiquent guère. On n’y trouve pas qu’il soit permis de se décrier les uns les autres, ni que pour de l’argent on doive abandonner les voies de la justice. » Rubruquis approuva toutes les parties de ce discours. Il entreprit ensuite de se justifier lui-même ; mais le khan l’interrompit en l’assurant qu’il ne prétendait faire aucune application personnelle. Il répéta : « Dieu vous a donné l’Écriture, et vous ne l’observez pas : il nous a donné les devins, nous suivons leurs préceptes , et nous vivons en paix. »

Cette audience se donnait à Caracorum, dans le désert de Coby. Rubruquis, en partant de Constantinople, s’était embarqué sur l’Euxin, avait débarqué en Crimée, traversé le Don et le Volga, puis le désert entre ce fleuve et l’Iaïk au nord de la mer Caspienne ;