Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

trer dans la capacité du fourneau et y ranger les pièces de porcelaine. Quand le feu est allumé, on mure aussitôt la porte du foyer, n’y laissant qu’une ouverture pour y jeter des morceaux de bois longs d’un pied. Le fourneau est d’abord chauffé nuit et jour. Deux hommes se relèvent pour y jeter continuellement du bois. Une seule fournée en consume ordinairement cent quatre-vingts charges. Anciennement, suivant un auteur chinois, on en brûlait deux cent quarante charges, et jusqu’à deux cent soixante, si le temps était pluvieux, quoique alors les fourneaux fussent de la moitié moins grands qu’aujourd’hui. Le feu était médiocre pendant les sept premiers jours ; mais on en faisait un fort ardent le huitième.

Il faut observer qu’autrefois les caisses dans lesquelles la petite porcelaine est enfermée avaient d’abords été cuites à part, et qu’on n’ouvrait la porte du fourneau que cinq jours après l’extinction du feu pour les petites pièces, et dix jours pour les grandes. Aujourd’hui on attend, à la vérité, quelques jours pour tirer la grande porcelaine du fourneau, parce qu’autrement elle pourrait se fendre ; mais pour la petite, si le feu a cessé le soir, on la tire dès le lendemain matin, dans la seule vue peut-être d’épargner du bois. Comme elle est alors brûlante, l’ouvrier qui la tire se sert d’une espèce de longue sangle qu’il porte suspendue au cou.