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pour un héros, et devint ensuite l’idole qui préside à la porcelaine.

Quoiqu’on n’ait pu réussir à faire un orgue, on a trouvé le moyen de faire des flûtes, des flageolets, et un autre instrument, qui se nomme yun-lo, composé de neuf petites plaques rondes un peu concaves, qui forment différens tons : on les suspend dans un cadre à différentes hauteurs, et les frappant comme un tympanon, on en tire un tintement qui s’accorde fort bien avec les autres instrumens, et même avec la voix. Les ouvriers réussissent particulièrement dans l’exécution des grotesques, et dans la représentation des animaux. Ils font des canards et des tortues qui flottent sur l’eau ; on voit sortir aussi des manufactures de porcelaine quantité de statues, surtout de la déesse Kouan-in, qui est fort célèbre à la Chine, et que les femmes invoquent pour obtenir la fécondité. Elle est représentée avec un enfant dans ses bras.

Les opinions des Chinois sont partagées sur la préférence de la porcelaine ancienne ou moderne. On s’est imaginé faussement en Europe que la meilleure doit avoir été long-temps ensevelie dans la terre. À la vérité il arrive quelquefois qu’en creusant de vieilles ruines, ou nettoyant des puits, on y trouve d’excellentes pièces qui y ont été mises à couvert dans des temps orageux. D’Entrecolles déclare qu’ayant vu dans plusieurs endroits d’autres pièces qui étaient probablement fort anciennes,