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d’autres usages. Ces ouvriers l’achètent à fort vil prix dans les provinces : ils en font de gros amas dans leurs maisons, qui ont toutes, pour cet usage, un enclos de murs blanchis soigneusement. S’il se trouve beaucoup de papier fin dans leur amas, ils ont soin de le mettre à part. Leur première opération consiste à le laver sur une petite pente pavée et située près d’un puits ; ils le frottent de toutes leurs forces avec les mains, et le foulent aux pieds pour en faire sortir l’ordure. Ils font bouillir ensuite la masse qu’ils ont pétrie, et l’ayant battue jusqu’à ce qu’elle puisse se lever en feuilles, ils la mettent dans un réservoir. Quand ils ont levé une assez bonne pile de feuilles, ils les séparent avec la pointe d’une aiguille, et les attachent chacune aux murs de leur enclos, pour y sécher au soleil ; ce qui se fait en peu de temps. Alors ils les détachent et les rassemblent.

Navarette dit que le papier est si commun à la Chine, que pour deux réaux et demi, c’est-à-dire quinze sous, il en acheta cinq cent cinquante feuilles. Il ajoute qu’on en trouve de mille différentes sortes, qu’on distingue par leur couleur ou par leur finesse, et qu’on en fait des figures curieuses pour les maisons et pour les temples.

L’encre de la Chine est composée de noir de fumée qui se fait en brûlant plusieurs sortes de matières, mais particulièrement du bois de pin, ou de l’huile, dont on corrige l’odeur en