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naire ayant perdu la parole dans le cours de la nuit suivante, on le crut mort ; mais dès le matin il se fit un si grand changement à sa situation, que le médecin, après lui avoir tâté le pouls, assura qu’il était guéri, et qu’il ne lui restait qu’à suivre un certain régime qui rétablirait bientôt ses forces. L’effet vérifia bientôt cette prédiction. » Concluons qu’il en est de ces prédictions savantes à la Chine comme ailleurs ; on tient compte de celles qui réussissent, parce qu’on s’en étonne : on ne dit rien de celles qui ne réussissent pas, parce qu’on n’en attendait pas davantage.

Il se trouve à la Chine des médecins qui regardent comme au-dessous d’eux de prescrire des remèdes, et qui se bornent à déclarer la nature des maladies. Leurs visites se paient beaucoup plus cher que celles des autres. Mais ce qui fait ordinairement la fortune et la réputation d’un médecin chinois, c’est d’avoir guéri quelques mandarins distingués ou d’autres personnes riches, qui joignent au paiement de chaque visite des gratifications considérables. Le prix commun des visites et des remèdes est très-médiocre. Un médecin qu’on a fait appeler près d’un malade n’y retourne point, s’il n’est rappelé. Ainsi chacun a la liberté d’en prendre un autre lorsqu’il n’est pas content du premier. Les charlatans ne sont pas plus rares à la Chine qu’en Europe ; ils prétendent guérir toutes les maladies par des recettes inconnues dans la médecine, et mettent pour