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Juifs pour l’ancien Testament, les chrétiens pour le nouveau, et les Turcs pour l’Alcoran. Tous les autres livres les plus autorisés dans l’empire ne sont que des commentaires ou des explications de l’Ou-king.

King signifie une doctrine sublime et invariable. Le premier des livres canoniques se nomme I-king, ou Livre des transmutations. Il n’est pas facile à des Européens d’entendre et d’expliquer ce que c’est, puisque les Chinois ne le savent pas encore. Il contient soixante-quatre figures symboliques, inventées par Fo-hi, et que l’on regarde comme le premier alphabet chinois. Cet alphabet allégorique et moral contenait, dit-on, les plus sublimes vérités ; mais personne ne put les expliquer jusqu’au temps de Confucius, qui, le premier, en donna la clef. Il découvrit dans ces lignes une profonde doctrine, qui regarde en partie la nature des êtres, surtout les élémens et leurs propriétés, en partie la morale et le gouvernement du genre humain : cependant les Chinois avouent que l’I-king est demeuré rempli d’obscurités impénétrables, qui devinrent l’occasion d’une infinité d’erreurs et d’opinions superstitieuses. Des docteurs corrompus en réduisirent le sens à de vains pronostics, à la divination, et même à la magie. Enfin telle est partout, sur les objets les plus importans, la contrariété des opinions, que ce livre, regardé comme sacré, a été appelé souvent le livre des sots. Que penser, après tout, de son auteur Fo-