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chesse d’un idiome est dans les expressions usuelles, plus ou moins faciles à comprendre et à retenir. En général, la langue qui exprime le plus de choses d’une manière claire et précise est la plus riche de toutes.

D’un autre côté, le même mot différemment composé dénote une infinité de choses différentes. Mou, par exemple, signifie seul, un arbre, ou du bois ; composé, il a quantité d’autres sens. Mou-leao signifie du bois préparé pour bâtir ; mou-lan, des barreaux ou une porte de bois ; mou-hia, une caisse ; mou-siang, une armoire ; mou-tsiang, un charpentier ; mou-eul, un mousseron ; mou-nu, une espèce de petite orange ; mou-sing, la planète de Jupiter ; mou-mien, du coton, etc. Enfin, ce mot peut être joint à quantité d’autres, et forme autant de sens que de combinaisons. Ainsi les Chinois, par un simple changement d’ordre dans leurs monosyllabes, font des discours suivis dans lesquels ils s’expriment avec beaucoup de grâce et de clarté. L’habitude leur fait distinguer si bien les différens tons des mêmes monosyllabes, qu’ils comprennent leurs différentes significations sans paraître y faire beaucoup d’attention.

Il ne faut pas s’imaginer, comme plusieurs auteurs le racontent, qu’ils chantent en parlant, et qu’ils fassent une espèce de musique, qui ne pourrait être que fort désagréable à l’oreille. Au contraire, ces différens tons sont si délicats, que les étrangers n’en sentent pas facilement la