connaissance. On lui présente du thé et du vin : il est arrêté par ces caresses à mesure qu’il avance ; mais un spectacle assez plaisant, est de voir le peuple qui lui tire ses bottes de distance en distance, et qui lui en fait prendre de nouvelles. Toutes les bottes qui ont touché à ses jambes sont en vénération parmi ses amis, et se conservent comme de précieuses reliques. Les premières qu’on lui a tirées dans ces transports de gratitude sont placées dans une sorte de cage sur la porte de la ville.
Si le mandarin s’est distingué d’une manière extraordinaire par son équité, son zèle et son affection pour le peuple, on emploie une autre méthode pour lui faire connaître la haute opinion qu’on a de son gouvernement. Les lettrés font faire un habit composé de petites pièces carrées de satin de diverses couleurs, comme bleu, vert, rouge, noir, jaune, etc. ; et le jour de sa naissance, ils lui portent ce présent avec beaucoup de cérémonies, accompagnées de musique. En arrivant à la salle extérieure qui sert de tribunal, ils le font prier de passer de son appartement intérieur dans la salle publique : là, ils lui présentent l’habit dont ils le supplient de se revêtir. Le mandarin affecte quelques difficultés, et se reconnaît indigne de cet honneur ; mais, feignant enfin de céder aux instances des lettrés et du peuple, il se laisse dépouiller de sa robe ordinaire et vêtir de celle qu’on lui apporte. La variété des couleurs représente,