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ques missionnaires font monter jusqu’à trois cent millions : c’est une erreur sans doute ; mais appuyons notre estimation sur des faits.

Le tribut qui se lève à la Chine depuis l’âge de vingt ans jusqu’à soixante est payé par plus de cinquante millions de Chinois entre ces deux âges. Dans le dénombrement qui se fit au commencement du règne de Khang-hi, on trouve onze millions cinquante-deux mille huit cent soixante-deux familles, et cinquante-neuf millions sept cent quatre-vingt-huit mille trois cent soixante-quatre hommes capables de porter les armes, sans comprendre dans ce nombre les princes, les officiers de la cour, les mandarins, les soldats congédiés, les lettrés, les licenciés, les docteurs et les bonzes, ni les personnes au-dessous de vingt ans, ni tous ceux qui passent leur vie sur mer ou sur les rivières. Il est difficile de ne pas porter tous ces différens états à un nombre au moins égal, ce qui donnerait cent vingt millions d’habitans, c’est-à-dire plus que n’en contient l’Europe entière.

Le nombre des bonzes monte seul à plus d’un million : on en compte, à Pékin, deux mille qui vivent dans le célibat, et trois cent cinquante mille dans les temples et les monastères, en divers endroits ; établis par lettres patentes de l’empereur. On ne compte pas moins de quatre-vingt-dix mille lettrés qui ne sont point engagés dans le mariage : il est vrai que les guerres civiles et la conquête des