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sûr, de la tenir quelque temps dans la neige.

On croit que les vers qui produisent la soie sont venus originairement de la Chine : étant passés dans les Indes, et de là en Perse, ils furent introduits chez les Grecs et les Romains, parmi lesquels la soie fut d’abord estimée au poids de l’or. Les plus anciens écrivains de la Chine rendent témoignage qu’avant le règne de Hoang-ti, lorsqu’on commençait à défricher leur pays, les premiers habitans n’étaient vêtus que de peaux de bêtes, et que ce secours n’ayant pu suffire à mesure qu’ils se multipliaient, une des femmes de l’empereur inventa l’art de fabriquer la soie. Dans les siècles suivans, plusieurs impératrices se firent un amusement d’élever des vers à soie, et de rendre la soie propre à divers ouvrages : il y avait même un verger du palais destiné à la culture des mûriers ; l’impératrice, accompagnée des reines et des plus grandes dames de sa cour, s’y rendait en cérémonie, et cueillait les feuilles. Les plus belles pièces d’étoffes de soie qui étaient l’ouvrage de ses mains, ou qui se faisaient par ses ordres, étaient consacrées au Chang-ti, dans la cérémonie du grand sacrifice. Il paraît ainsi que les manufactures de soie furent encouragées par les impératrices, comme l’agriculture l’était par les empereurs ; mais depuis quelque temps les impératrices ont cessé de prendre part au progrès de la soie.

Les Chinois jugent de sa bonne qualité par sa blancheur, sa finesse et sa douceur. Lors-