Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/148

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—i4o— Je sais qu'un astre satanique A versé, des sinistres cieux, Sa mal/aisance tyranique Dans l'a\ur naissant de mes yeux. Sa protection infaillible Me revêt d'un pouvoir fatal, Dont l'effet certain et terrible M'a créé ministre du mal. Dans le secret de ma pensée. Dans le silence de mon cœur, Qu'un jour ma volonté blessée Tout bas forme un souhait vengeur , Sans répit, l'arrêt s'exécute : Le deuil, la ruine et la mort Mènent sûrement à leur chute Le plus superbe et le plus fort. O ma pernicieuse étoile, Funeste jeteuse de sorts, Ta flamme froide me dévoile L'obscur secret de mes remords ; Car ta lumière vénéneuse Coule avec mon sang dans ma chair Et dans ma cervelle vineuse Allume un effroyable enfer! Et seul je sais quelles victimes Frappa mon tribunal secret Et quels désastres et quels crimes Font mon incurable regret ! Puissé-je, par ma patience, Anéantir tes tristes dons. Et sur l'injure et sur l'offense Verser la paix de mes pardons ! IWAN GlLKIN