Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/55

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LE CHEF SANGLANT Sire roi, donne\-moi mon amant Mort ou vif, pâle ou sanglant. Sire roi, mon amant dément, Donne\-le moi, pour mes tristes moments. Ma fille, ma fille, votre souci S'enfuit trop loin du sceptre où fleurit Ma justice — votre cœur épris Garde\-le pour d'autres paradis. Sire roi, j'ai souvenir que sa parole Au bord du fleuve épandait les paraboles Sur des milliers d'attendris. Sire roi, sa voix a des puissances Comme les banderoles de vos lances. Ah! donne\-moi Cet autre roi, puissant comme vous, Sire roi. Ma fille, te donnerai Le chef de ton amant décapité. Aussi ses membres garrotés, Une cruche pleine du sang de ses plaies. Les haches ont fait leurs corvées, La tête est là décapitée. Voici, ma fille, la bouche de ton amant, Puissant comme le charme et le tourment. Voici la face nègre où ta bague scella L'éternel silence vers la figure qui se voila De franges en caprices omnicolores, Flores des faunes et des idoles des temps d'aurore. LE HÉRAUT Le héraut est glabre, Mîtré d'or vert en tour tronquée. Sa dalmatique cinabre Emerveille de fauves éduqués.