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Page:La Jeune Belgique, t2, 1883.djvu/245

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L’ESSOR

Ils ont été trois à se partager le succès. Van Rysselberghe en a pris la grande part, puis Charlet, puis Regoyos. À dire vrai, ce dernier n’avait mis que quelques tableaux en ligne de bataille, mais quoiqu’on dise, sa Plage de l’Almeria est d’un bon peintre et le fait dignement figurer à côté de ses amis. Ce ciel nocturne est solidement fait, et la traînée de clarté sur la mer d’un beau ton lumineux. Le paysage entier est impressionnant, bien que le premier plan tombe et fasse angle avec le second. Regoyos adore les effets de lumière blafarde, stellaire et électrique ; il en saisit la note fantastique et étrange avec talent.

Charlet se révèle surtout dans sa Boucherie, ses Études et ses Croquis. La Boucherie est superbe : les arcades et voûtes sont peintes avec grande sûreté ; la viande saigne du vrai sang ; le personnage en bleu du milieu est d’une distinction charmante de tons. Bien que cette toile ne soit point poussée jusqu’au tableau, elle est certes la plus méritoire et la plus solide. Elle est d’un peintre, dans toute la force du mot, elle reste dans la mémoire comme certains morceaux de maîtres, et les autres œuvres du peintre s’effacent devant elle, toutes.

Van Rysselberghe triomphe avec son Marchand d’Oranges et ses Fumeurs. Je préfère le premier tableau au second ; il est peint avec plus de hardiesse et d’entrain. Il sonne la couleur claire, forte, vigoureuse, solide — et pourtant la crudité si redoutable pour les peintres de soleil et d’air ne l’atteint pas. Les Fumeurs sont plus du déjà vu ; on songe devant eux à d’autres tableaux d’Orient, rapportés de là-bas par les Gêrome.

Je borne ici mes notes sur l’Exposition de l’Essor, me proposant de médaillonner chacun de ces jeunes peintres à tour de rôle. La série s’ouvrira sous peu.

Je ne veux que constater, pour l’instant, leur succès.

E. V.




CHRONIQUE MUSICALE

LA RÉDEMPTION.

« Cet ouvrage est l’exposition lyrique des trois grands faits sur lesquels repose l’existence de la société chrétienne et qui sont : I) la passion et la mort