Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avant mes serpents !… Gai ! les ramoneurs !… Le four chauffe cette nuit !…

Les vétérans qui formaient l’avant-garde sous les ordres du major glissaient en silence sur le sol calciné tout couvert de cendres chaudes.

Béniowski reste avec un peloton de trente soldats dans le nord de Louisbourg, sur une hauteur, d’où il peut, à la lueur de l’incendie, observer les mouvements de l’ennemi ; à sa gauche il a la rivière et le brig le Postillon ; sur sa droite, la chaîne de collines boisées, où le major et ses éclaireurs, puis successivement deux compagnies de volontaires, se sont engagés sans bruit ; devant lui, une vaste pente de terrains accidentés qui aboutissent à la plage septentrionale de la baie d’Antongil.

Les flammes s’éteignent après avoir tout dévoré ; Louisbourg n’est plus qu’un monceau de cendres. Les détonations extraordinaires qui ont accompagné l’incendie cessent en même temps, car ces détonations, dont la cause était inconnue aux Français, tenaient à l’explosion des bambous employés par les assaillants. Béniowski le comprit alors, et ne craignit plus que les insulaires eussent de l’artillerie comme on l’avait pensé d’abord, tant les éclats des faisceaux de cannes avaient été bruyants. « La terre en tremblait à une lieue à la ronde ; on eût dit qu’un nombre infini de canons, couleuvrines, fauconneaux, mousquets et pistolets, tiraient ensemble.[1] » – La lune éclairait seule de son paisible éclat le théâtre de la bataille, qui ne tarda pas à s’engager sur toute la ligne.

— Mordious ! mes agneaux, à moi ! crie le vaillant chevalier du Capricorne, qui n’a que quatre de ses soldats près de lui.

À vingt pas, Sans-Quartier, Jambe-d’Argent et quelques autres, – à quarante pas, Jean de Paris, Moustique du Canada,

  1. Flacourt. Histoire de l’île Madagascar, chapitre IX.