Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/158

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le chercha parmi les blessés et les groupes des insulaires étrangers à sa peuplade ; Siloulout avait disparu.

Alors Ciévi, prince puissant des Sambarives, et Rafangour, généralement reconnu descendant de Ramini par son aïeule, s’approchèrent en demandant merci pour leur nation :

— Quel mal vous avais-je fait ! pourquoi vous êtes-vous ligués contre moi ? s’écria Béniowski d’une voix irritée ; car l’absence de Siloulout, dont il voulait que la punition servit d’exemple, venait d’enflammer sa colère.

— Si tu es véritablement de la race des Ramini, dit Rafangour, tu prendras en pitié le seul survivant de la famille sacrée. Je suis du sang du prophète, je m’en glorifie, et la nation sambarive peut attester tout entière que la mère de mon père était de la lignée de Rahadzi !… Feras-tu périr ton frère et ton serviteur ?…

— Eh ! que vouliez-vous faire vous-même ! interrompit Béniowski, lorsque vous mettiez le feu à mon camp, par un affreux stratagème dont je veux que l’inventeur périsse… Qu’on me livre Siloulout !… Je vous le répète, qu’on me livre le principal coupable…

Ciévi répondit, après toutes les précautions oratoires de rigueur :

— Le principal coupable, ô grand chef !… et que le Zahanhare créateur du ciel et de la terre me foudroie si ma bouche altère la vérité !… que je sois l’esclave de Dian-Bilis, père du mal et seigneur des démons… le principal coupable n’est pas Siloulout lui-même, ni un enfant de Madagascar… Celui qui a inventé notre ruse de guerre est un Français.

— Silence !… s’écria Béniowski. – Messieurs les officiers, reprit-il en s’adressant au capitaine de Rosnevet et à son état-major, ce chef sambarive n’a pas encore nommé le traître qu’il