Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/16

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— Si j’en envoyais à votre ami Maurice ! interrompit le magnat magyar.

— Approuvé !… à la condition, s’il est guéri dès demain, comme je l’espère, de ne pas faire mentir la seconde moitié de votre toast.

— Vicomte, vous êtes charmant ! Salomée, voulez-vous aller proposer à M. le vicomte de se soumettre à l’ordonnance de son joyeux compagnon de voyage.

— Volontiers, mon père, dit la jeune fille.

Puis, suivie d’un serviteur qui portait une bouteille de Tokay, elle sortit de la vaste salle à manger. Richard, qui n’avait guère cessé de la contempler, fut un peu contrarié de la voir sortir la première, ce qui ne l’empêcha pas de continuer à être le plus aimable des cavaliers. La châtelaine d’abord, la baronne d’Ozor, sa fille aînée, et même la petite Rixa, mutine enfant qui riait aux éclats des moindres saillies du vicomte, eurent chacune leur part de ses hommages

Par un vrai bonheur, tout le monde parlait français, Mme Casimir Hensky ayant été élevée en France, et son mari, le magnat, y ayant fait plusieurs voyages.

Le nom de Rixa motiva une digression que l’ingénieux vicomte avait amenée pour raisons à lui bien connues.

— Madame la baronne d’Ozor s’appelle Élisabeth, dit-il, et si mal appris que je sois, je n’ignore pas qu’une reine de Hongrie est son auguste patronne ; mais sainte Rixa, je l’avoue humblement, est pour moi un personnage fort vénérable, sans doute…

— Mais non moins inconnu ! acheva madame Hensky. Je suis Polonaise, Monsieur ; mon aînée a été baptisée sous l’invocation d’une reine de Hongrie ; j’ai voulu que sa dernière sœur eût pour patronne une reine de Pologne.

— À merveille ! dit le vicomte ; sainte Rixa fut sans doute