Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le prétendu capitaine Frangon, sur l’avis de M. l’intendant Maillart, avait laissé son commandement au lieutenant Venturel et s’était rendu à l’Île-de-France.

Le major, pour se dédommager, résolut de chercher à Luxeuil une querelle à propos de botte. Rien n’était moins difficile : en plein gaillard-d’arrière, au bout de quatre répliques, le major souffleta de son gant le jeune et brillant baron :

— Très-bien !… répartit Luxeuil, à demain, au point du jour !

Mais Kerguelen devait mettre obstacle au duel et placer pendant toute la campagne le baron de Luxeuil dans l’impossibilité de venger son injure.

L’adjudant de place Venturel, à qui Stéphanof avait légué l’autorité dans les conditions les plus difficiles, reçut avec joie l’ordre de remettre le commandement au chevalier qui n’eut aucune peine à rétablir la paix dans la province d’Anossi.

Dian Tsérouge, père de Flèche-Perçante, Dian Rassamb, anacandrian de Fanshère, Dian Salao chef d’Imahal et Fatara de Tolongare, jusqu’alors en guerre ouverte avec Stéphanof, accoururent en poussant des cris d’allégresse.

Un kabar de bien-venue et un festin solennel étaient obligatoires ; grandes réjouissances ; mais le lendemain matin, amère déception, quand le chevalier se fut réveillé avec le doux espoir de percer de part en part le baron de Luxeuil, il vit, de ses propres yeux, la division Kerguelen lever l’ancre et larguer les voiles

— Encore un duel rentré ! mordious !… C’est le dixième au moins depuis que j’ai fait la connaissance de l’aimable vicomte de Chaumont-Meillant.

Le dépit du brave chevalier fut singulièrement accru presque aussitôt par plusieurs nouvelles lamentables. Stéphanof s’était approprié le dragon de Formose pour le dépecer à l’Île-de-