Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maurice, l’illustre exilé de Bolcha, l’ancien compagnon d’aventures et de périls.

Madame de Nilof, dont la vieillesse est heureusement distraite par les premiers sourires d’Augustine-Salomée de Chaumont-Meillant, sa petite-fille, n’oublie pas cependant qu’elle a un fils digne de sa tendresse dans les régions lointaines où commande Béniowski.

Deux lettres ont déjà été reçues par les hôtes de Chaumont ; la première annonçant qu’après les plus odieux retards l’expédition sortait enfin de Port-Louis ; la seconde que Louisbourg était fondé, que les Zaffi-Rabès et les Sambarives se soumettaient à leur vainqueur, et que le roi de Foule-Pointe Hiavi consentait à l’établissement d’un comptoir sur son territoire.

— Tout cela est très-heureux, sans doute, disait Richard. Je vois que notre bizarre ami le chevalier du Capricorne va rentrer en possession de son cher Fort-Dauphin ; j’espère bien que Stéphanof est puni à l’instant où nous parlons ; mais M. de Ternay, entre nous, a le droit d’être furieux contre Kerguelen et notre cher Maurice…

— Louis XVI est, dit-on, un prince juste et animé des meilleures intentions ; il s’est intéressé autrefois à Maurice, il pourrait…

— Je n’ai rien négligé pour servir notre ami et votre frère Alexandre, mais le roi ne sait pas tout, je ne suis pas d’humeur à fréquenter la cour, et au résumé les bureaux gouvernent.

À quelque temps de là, les amis de Béniowski furent singulièrement attristés par la disgrâce éclatante de Kerguelen qui, revenu en France, dès le 7 septembre 1771, fut arrêté, déclaré déchu de son grade, et condamné à être enfermé au château de Saumur, sur l’accusation d’avoir injurié un de ses officiers, de n’avoir point rempli sa mission aussi bien qu’il l’aurait pu, et d’avoir abandonné une de ses embarcations dans des parages