Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/194

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La cale du navire, disposée en écurie, resta vide jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, où le capitaine acheta trente chevaux.

Au Fort-Dauphin, il ne passa que le temps nécessaire pour prendre les dépêches du vice-roi d’Anossi, chevalier du Capricorne, faire un excellent repas en compagnie des dames de la maison présidées par Flèche-Perçante, débarquer vingt recrues et recevoir en échange autant d’aventuriers acclimatés, parmi lesquels on ne citera que le lieutenant Venturel, le plus subordonné, mais aussi le plus dangereux des adjudants de place :

« – Je me débarrasse de cette culotte de peau, mon général, écrivait le major, pour être libre, mordious ! d’entrer en campagne, sans avoir à craindre que le Fort-Dauphin me soit soufflé pendant mon absence… Si vous allez décidément tailler des croupières aux Sakalaves, adieu ma vice-royauté d’Anossi !… Mille cornes de licornes ! je veux être de la partie, dussé-je m’embarquer dans une calebasse pour vous rejoindre… Mais le capitaine Frangon, Maillart, Ternay et leur clique ne manqueront pas d’essayer de revenir dès que j’aurai tourné les talons. Laissez donc le commandement à un Venturel ; il reprendrait le Stéphanof sans dire un mot, et à mon retour je me verrais encore à la porte de chez moi.

« Par bonheur, Jean de Paris, que j’avais envoyé relever la garnison de notre poste de Saint-Augustin, est de retour depuis hier. Avec votre autorisation, mon général, je le nomme adjudant de place ; il ne se laissera pas intimider, le gaillard, je vous en réponds. Le roi de France en personne ne lui ferait pas lâcher un pouce de nos remparts.

« Du reste, Jean de Paris est dans les bons principes, pas vertueux du tout, un second moi-même.

« Au fort Saint-Augustin, Brise-Barrot, deux blancs et cinquante Anossiens tiennent en respect ces coquins de Buques, contre lesquels je vous demande votre secours après la grande